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Verse sur les lointains mourants ses tristes fêtes,
Le sais-je ? Tu m’as vue, ô nourrice d’hiver,
Sous la lourde prison de pierres & de fer
Où de mes vieux lions traînent les siècles fauves
Entrer, & je marchais, fatale, les mains sauves,
Dans le parfum désert de ces anciens rois.
Mais encore as-tu vu quels furent mes effrois ?
Je m’arrête rêvant aux exils, & j’effeuille,
Comme près d’un bassin où le jet d’eau m’accueille,
Les pâles lys qui sont en moi, tandis qu’épris
De suivre du regard les languides débris
Descendre à travers ma rêverie en silence,
Les bêtes de ma robe écartent l’indolence
Et regardent mes pieds qui calmeraient la mer.

Calme, toi, les frissons de ta sénile chair.
Viens, & ma chevelure imitant les manières
Trop farouches qui font votre peur des crinières,
Aide-moi, puisqu’ainsi tu n’oses plus me voir,
À me peigner nonchalamment dans un miroir.

LA NOURRICE.

Sinon la myrrhe gaie en ses bouteilles closes,
De l’essence ravie aux vieillesses de roses
Voulez-vous, mon enfant, essayer la vertu
Funèbre ?

HÉRODIADE.

Funèbre ? Laisse là ces parfums ! Ne sais-tu
Que je les hais, nourrice, & veux-tu que je sente