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De l’orage efface la trace
Et permet à la noire masse
De refléter l’azur, ah ! ce n’est qu’un moment ;
Le vent du sort mauvais bientôt avec furie
Se relève, & des coups de son aile ennemie
Pousse sur un écueil l’esquif de notre vie
Et l’y fracasse horriblement.




LE MEURTRE DU REPTILE


Un matin, le long d’une bruyère
A l’éclat tout vermeil,
J’aperçus une noire vipère
Qui dormait au soleil.
L’animal, entendant mon approche,
Loin de moi se posa ;
Mais soudain de mes doigts une roche
Partit & l’écrasa.
Ah ! me dis-je après le coup terrible,
Fallait-il mettre à mort
Ce serpent qui, bien que très-nuisible,
Ne m’avait fait nul tort ?
Il était capable de morsures
Cruelles, mais sa dent
N’eût usé de ses forces impures
Qu’à son corps défendant.