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Mais dès qu’elle a quitté l’enveloppe charnelle,
Laissant sa vague image aux cœurs irrésolus,
Dieu détruit sans retour la forme originelle,
Comme un moule brisé qui ne servira plus !

Par lui tout continue & rien ne recommence ;
Tout est nouveau, tout change, au ciel comme ici-bas ;
Il sème, & prodiguant la vie & la semence,
Malgré l’éternité, ne se répète pas !




LE DERNIER SALUT


Vivant, cet homme était une âme basse & vile :
Il avait insulté, calomnié, menti,
Vendu sa conscience & trahi son parti ;
Ses mains gardaient le sang de la guerre civile.

Rien n’avait fatigué sa lâcheté servile.
Le mépris sur son nom s’était apesanti,
Et, debout sous la honte, il n’avait rien senti.
Nul ne saluait plus l’infâme par la ville.

Dans l’ombre s’est éteint le sinistre vieillard ;
Là-bas furtivement s’enfuit le corbillard :
Pas un ami ne suit sa mémoire abhorrée.