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Après l’accès fiévreux, hélas ! ce jeune cœur
Sur le sable altéré répandait bien des larmes ;
L’ombre vague des nuits la berçait par ses charmes,
Et peut-être évoquait un fantôme vainqueur.

Sans avoir effleuré ses lèvres de grenade,
Vierge je l’ai remise aux jungles de Java,
En lui disant : Adieu, belle étrangère ! va
Rêver à tes amours au pied de ta cascade.




SONNET


Tout me parle en ces lieux de toi, blonde baigneuse.
Si je viens, le matin, à la source du bois
Dans le creux de la main puiser l’eau que tu bois,
Pour étancher l’ardeur de ma soif amoureuse :

Le ruisseau s’échappant d’une roche mousseuse
Par son bruit susurrant me rappelle ta voix,
Entre les osiers verts il semble que je vois,
Comme une ombre, passer ta grâce vaporeuse ;

Le sable a conservé l’empreinte de tes pas ;
Moins plaisantes que toi, les ondines tout bas
Jalousent sous les joncs tes doux yeux de pervenche,