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— Le lendemain, ouvrant, au réveil, sur la plaine,
Ma persienne où glissait l’aurore moins certaine,
Je vis tout un brouillard, qui bien lent se leva :
La journée était belle, & belle s’acheva.
Oui, c’était bien l’automne avec ses larges teintes !
Les chauds midis pourront reprendre leurs étreintes,
La terre voudra croire à l’été rayonnant ;
Mais tout soir pur aura son azur frissonnant.
Et le plus beau matin son brouillard sans aurore.

— Est-ce aussi ton automne, Amour ?… Oh !… pas encore !




… nec amare decebit.

Pourquoi faut-il qu’il soit venu, cet âge
Auquel il ne sied plus ni d’aimer ni d’oser ?
Pourquoi faut-il, ô Temps, que ton outrage
M’atteigne au cœur jusque dans un baiser ?

Pourquoi faut-il que la nature amère
Qui m’interdit l’ivresse du plaisir,
Punisse encor l’émotion légère
Et jusqu’à l’ombre du désir ?

Pourquoi faut-il qu’à l’objet plein de charmes,
Dont le regard s’abaisse à m’enflammer,
Tout bas je dise en dévorant mes larmes :
Pitié ! pitié ! je ne dois plus aimer !