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Maudit aussi, tordu, mais la tête encor verte,
Le chêne des Bretons, nouant ses bras de fer,
De son baiser vaillant soutient l’idole inerte,
Et se met en défense & rugit vers la mer :

« Oui, nous mourrons ! Derniers survivants des grands cultes,
Nos fières majestés subiront les insultes
De l’homme, toujours lâche avec ses anciens Dieux ;

Du moins, tombons ensemble, & qu’un seul coup nous tue,
O mon frère ! Et périsse, avec nous abattue,
La beauté de la Terre où priaient les Aïeux ! »





L’ÉBAUCHE

(Sur une statue inachevée de Michel-Ange.)


Comme un agonisant caché, les lèvres blanches,
Sous les draps en sueur dont ses bras & ses hanches
Soulèvent par endroits les grands plis distendus,
Au fond du bloc, taillé brusquement comme un arbre,
On devine, râlant sous le manteau de marbre,
Le géant qu’il écrase, & ses membres tordus.