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Parmi vous, c’est dans l’ordre, il est un groupe infâme,
Hébété, n’ayant pas conservé trace d’âme,
Subissant le seul joug des assouvissements,
Vivant au jour le jour, sans avoir d’autre envie
Que celle d’arroser son gosier d’eau-de-vie,
En poussant des ricanements.

Ces femmes sont trop bas pour pouvoir sur la route
Rien entendre des voix que la nature écoute,
Tantôt montant du flot, tantôt tombant du ciel,
Et, brutes appelant des brutes, n’auront guère
D’autre amour dans le sein qu’une fureur vulgaire
Pour des gens de boue & de fiel.

Mais, dans la cargaison, peut-être quelques-unes
Ont fléchi sous le poids de grandes infortunes,
Sans que leur âme au gouffre ait suivi leur vertu,
Et, s’isolant du bruit, peut-être songent-elles,
Tandis que par la vague aux pointes de dentelles
Le flanc du navire est battu.

Elles songent aux jours passés, au son des cloches,
Au coup d’œil qu’on avait en montant sur les roches,
Le matin, aux parents plus tard cachés ou morts.
Puis revient le tableau du crime ineffaçable.
Et, comme en un désert le vent chasse du sable,
Chaque idée apporte un remords.