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Ah ! ne les plaignons point ces martyrs héroïques,
D’un admirable espoir saintement abusés :
Ils ont pu contempler la vierge aux yeux stoïques
Et sentir sur leurs fronts descendre ses baisers.

Lutteurs, ils combattaient pour venger sa querelle ;
Pauvres, ils ont subi sa noble pauvreté ;
S’ils souffraient ici-bas, ils ont souffert pour elle.
La douleur idéale est une volupté.

Mais toi, qui donc es-tu, proscrite bien-aimée,
Pour qui les dévoûments ne se peuvent tarir.
Toi qui de tes amants sais te faire une armée,
Et pour qui les meilleurs sont joyeux de mourir ?

Ah ! tu mérites bien tous ces fiers sacrifices,
Toi qui viens affranchir l’ingrate humanité,
Génie impénétrable à l’effroi des supplices,
Amante des grands cœurs, divine Liberté.