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Le chœur passionné frappe aux portes des villes,
Jaloux de révéler son amour éternel,
Et de purifier les consciences viles
Par un de ces regards plus limpides qu’un ciel.

Et partout, offensés par sa fière démarche,
Les hommes, trop pervers ou trop bas pour l’aimer,
Avec des cris railleurs lui disent : « Marche, marche ! »
La porte des cités demande à se fermer.

Mais que lui font ces nains, ces porteurs de rapières,
Ces insulteurs sacrés aboyant sur ses pas,
Et jusqu’à ces enfants qui lui jettent des pierres ?
Ses vrais, ses chers amants ne l’abandonnent pas.

Pour porter les couleurs de cette fugitive
Combien ont abjuré les splendeurs d’une cour !
Combien ont renié leur famille craintive !
Soyez bénis, vaillants insensés de l’Amour.


IV


Soyez encor bénis, vous qui suivez l’amante
Loin du pays natal où fleurit l’oranger,
Qui l’escortez partout où siffle la tourmente
Et trempez de vos pleurs le pain de l’étranger.