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De ton sommeil menteur étreignant le mystère,
Près de ton cœur j’y sens vivre un hôte adultère
Et voudrais être mort pour t’apparaître aussi.


VI


Toi qui foules encor l’argile qui me pèse,
Que ne suis-je moi-même à l’argile rendu,
Mort glacé sous tes pas & sous l’herbe étendu,
Sein brûlé que le froid de son linceul apaise !

Que ne suis-je mêlé dans la cendre qui baise
Le pli traînant du voile à ton flanc suspendu,
Dans le monde vivant qui t’entoure perdu,
Et de mes vains débris t’étreignant à mon aise !

Je deviendrais un peu de tout ce qui te sent,
De tout ce qui te voit, de tout ce qui te touche ;
Fleur, je me sécherais aux chaleurs de ton sang,

Ou fruit, je me fondrais aux saveurs de ta bouche ;
— Je serais une proie à tout ce que tu veux
Et je boirais dans l’air l’odeur de tes cheveux.