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ROBERT LUZARCHE

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CALME


Au détour d’un chemin venu des pics déserts
Où gronde sans répit le bruit des avalanches,
On découvre un joyeux bourg, dont les maisons blanches
Baignent languissamment dans un lac aux flots clairs.

Le cœur s’épanouit quand sort des rameaux verts
Ce bourg où tous les jours sont pareils aux dimanches,
Et l’on voudrait alors s’y blottir sous les branches
Pour oublier le spleen atroce des hivers.

Mais avec les clartés vastes qui font revivre,
Avec les longs & chauds parfums dont on s’enivre,
Un mal mystérieux tombe de ce ciel pur.

Car votre calme lourd & ses tièdes caresses,
Muettes profondeurs de l’insondable azur,
Recèlent les poisons de vos grandes tristesses.