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ANATOLE FRANCE

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LA PART DE MAGDELEINE



L’ombre versait au flanc des monts sa paix bénie,
Le chemin était bleu, le feuillage était noir,
Et les palmiers tremblaient d’amour au vent du soir.
Celle de Magdala pleurait dans Béthanie.

Elle avait sous ses pieds la pourpre des coussins ;
Le grand épervier d’or des femmes étrangères
Agrafait sur son cou les étoffes légères ;
La myrrhe tiédissait dans l’ombre de ses seins.

Sur la haute terrasse assise solitaire,
Par la nuit indulgente, à l’heure des aveux,
Elle laissait rouler dans l’or de ses cheveux
Des perles, doux spectacle aux amants de la terre.