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Mais le Faune joufflu, sur son trône d’écorce,
Dans la flûte de Pan souffle avec plus de force,
Et l’agile chanson court, par mille chemins,
Au renouveau du chêne invitant les humains ;
Et des couples heureux sortis des métairies,
Accourus, en dansant, à travers les prairies,
Fêtent, peuple innombrable & par l’amour uni,
L’arbre de Jupiter tout à coup rajeuni.

Dans son feuillage ému par le roseau sonore
Les voix de l’avenir savent parler encore ;
Son ombre à l’homme encor verse l’oubli des maux.
Des lyres & des fleurs pendent à ses rameaux ;
Sur ses pieds, tapissés de mousse & de pervenches,
Il voit, en souriant, glisser les robes blanches ;
Sur le front du vieux roi la couronne a relui,
Et l’hymne de la vie éclate autour de lui.


III


Or le musicien vermeil, aux pieds de chèvre,
Du syrinx aux sept trous a retiré sa lèvre ;
Les roseaux inspirés ne rendent plus de son ;
Lui, sans plus de souci, quitte de sa chanson,
Gai, tranquille & sans croire avoir fait ce miracle,
Sans donner un regard à tout ce grand spectacle,
Rustique, &, comme on voit un gardeur de troupeaux,
Secouant par trois fois ses humides pipeaux,