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Chargeant de leurs nids lourds ses tiges les plus hautes,
La pie & le corbeau font fuir de plus doux hôtes.

En bas le sol est nu ; pas une fleur autour
De ce tronc caverneux, large comme une tour ;
Fine & rare aux abords, l’herbe se montre à peine ;
La terre s’épuisa pour former ce grand chêne.
Mais le temps a miné le cœur du vieux géant ;
Sous l’écorce de fer s’ouvre un antre béant,
Profond, sombre, attestant mort ou décrépitude…

En lui le vide, autour de lui la solitude


II


Voici qu’une lueur se meut dans cette nuit ;
Une forme s’éclaire au fond du noir réduit.
Comme une vague aurore au sein de l’ombre éclose
Monte, en s’illuminant, je ne sais quoi de rose ;
Et sur le seuil de l’antre inondé de soleil
Un Faune adolescent s’assied, brun & vermeil ;
Non tel qu’un dieu d’airain dans sa niche de marbre,
Mais vif, riant, bercé comme une fleur sur l’arbre.

A sa lèvre appliquant sa flûte de roseaux,
Mollement il en tire un air, un chant d’oiseaux,
Un chant simple & profond qui saisit & pénètre,
Un air inattendu que l’on croit reconnaître,