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VICTOR DE LAPRADE
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LE FAUNE
POËME
I
Le chêne est vieux ; les ans, les vents & le tonnerre
Ont fait brèche à son front quatre fois centenaire.
Squelette immense, au loin, dans la brume des soirs,
Il tord sous un ciel gris ses bras noueux & noirs ;
Sur ses minces rameaux tremble un feuillage rare ;
Le prodigue printemps pour lui s’est fait avare ;
Dans le concert de juin il se tait, il est seul.
La mousse étend sur l’arbre un bleuâtre linceul ;
Sur ses branches le gui, sur ses pieds la fougère…
Tout ce qu’il a de vert est de séve étrangère.
Les oiseaux de l’amour ne s’y posent jamais ;
De sinistres bavards fréquentent ses sommets ;