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A UNE ENFANT TACITURNE




J’ai perdu la forêt, la plaine
Et les frais avrils d’autrefois.
— Donne tes lèvres ! leur haleine,
Ce sera le souffle des bois !

J’ai perdu l’Océan morose,
Son deuil, ses vagues, ses échos.
— Dis-moi n’importe quelle chose,
Ce sera la rumeur des flots !

Sans repos, sans ombre amicale,
Front lourd, sous le soleil, je fuis…
— Oh ! cache-moi dans ton sein pâle !
Ce sera le calme des nuits !


AUGUSTE VILLIERS DE L’ISLE-ADAM