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Elle laissa briller sur moi ses yeux funèbres,
Et la pâleur des morts ornait ses traits fatals :
— « Selon vous, je ressemble aux pays boréals :
» J’ai six mois de clartés et six mois de ténèbres ?…

» Non, monsieur, mes regards sont à jamais tournés
» Vers l’ombre, et mon orgueil empêche d’y rien lire :
» Je fais semblant de vivre, et, sous mon clair sourire,
» Je suis pareille à ces tombeaux abandonnés. »




ESQUISSE

A LA MANIÈRE DE GOYA


Admirons le colosse au torride gosier
Abreuvé d’eau bouillante et nourri de brasier,
Cheval de fer que l’homme dompte !
C’est un sombre coup d’œil, lorsque, subitement,
Le frein sur l’encolure, il s’ébranle fumant
Et part sur ses tringles de fonte.

Le centaure moqueur siffle aux défis lointains
Du vent, voix de l’espace où s’en vont nos destins !
Le dragon semble avoir des ailes ;
Et, tout fier de porter les hommes dans son flanc
Il fait flotter sur eux son grand panache blanc
Et son aigrette d’étincelles !

Et les talus boisés qui bordent son chemin,
Montagnes et rochers, tourbillon souverain !…
Les champs décrivent des losanges ;