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Ou celui qui pleura, pour jamais orphelin,
Sa mère et son enfant, Elvire et Jocelyn,
Puisqu’ils ont enchanté vos jours enthousiastes
De pieuse éloquence et de poëmes chastes ;
Par vos courroux charmants jurés à Mayerbeer
A cause de son pacte impie avec Luther ;
Par ces ferveurs qui, près d’Ormond et de Montrose,
Vous auraient décidée à cueillir une rose,
La rose de l’adieu, pour aller l’effeuiller
Sur le dernier chemin du roi Charles premier ;
Qui vous auraient jetée, enivrée et soumise,
Dans les processions de l’apôtre d’Assise,
Et qui, plus tôt, sous l’œil effronté des Nérons,
Auraient, dans ce cerveau chrétien, jaloux d’affronts,
Excité l’indomptable appétit des tortures ;
Par cette royauté des consciences pures
Qui sonderaient sans peur l’abîme de l’enfer,
Et se perdraient peut-être à sauver Lucifer ;
Par cette force étrange et mal dissimulée
D’enfant ou de lion ; nature immaculée
Où la grâce est un don moins encor qu’une loi,
Clarté d’en haut, brillez sur moi, veillez sur moi !
Veillez sans le savoir ! Sous la seule influence
D’un entretien parfois et de votre présence,
Je vivrai, j’agirai, je vous glorifierai ;
Et cet anniversaire en restera sacré,
Si l’on me lit plus tard, comme on reparle encore
De ce vendredi saint où Pétrarque vit Laure !