Page:Le Parnasse contemporain, I.djvu/132

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

» Et celui-là qui vient me demander asile
» Peut être bien certain qu’il dormira tranquille. »
Elle dit au rêveur qui va le front levé :
— « Tout ce que tu cherchais, ami, je l’ai trouvé :
» Je te raconterai ce que je fais de l’âme. »
Elle dit à celui qui souffre par la femme :
— « Dans le lit ténébreux, que je te creuserai,
» Vas coucher ton amour douloureux et sacré.
» Là, tu n’attendras plus que l’œil de ta maîtresse
» Tardive, vienne enfin consoler ta détresse.
» Contre ton corps roidi les deux bras étendus,
» Dors en paix : les désirs ne rallumeront plus
» Dans ton cœur, plein de vers, d’ombre et de terre grasse,
» Les fleurs des visions écloses sous sa grâce ! »
— C’est ainsi que la Mort, du souffrant au content,
Va, souriant parfois au Sage qui l’attend
Et la comprend, sachant que les amas funèbres
Des corps, confusément pourris dans les ténèbres
Internes du sol creux qu’ils viennent rajeunir,
Sont le fumier fécond, où germe l’Avenir.


LOUIS-XAVIER DE RICARD.