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Et tout en l’écoutant, tu laisses tes mains blanches
Dont la chair diaphane est faite de clarté,
Courir dans l’émail jeune et délicat des branches,
Comme un rapide éclair dans le ciel de l’été.

Cueille-toi dans mon cœur une moisson nombreuse,
Tant qu’il resplendira sous tes yeux éclatants
L’éternelle vigueur de sa séve amoureuse
Rajeunira sans fin son éternel printemps !




V

UNE VIERGE

I


Oui, certes, la matière était splendide et pure
Dans laquelle les doigts de la grande Nature
Ont avec tant d’amour ciselé sa beauté ;
Et rien n’est glorieux comme cette fierté
Tranquille, dont l’ampleur souple et majestueuse
Revêt nonchalamment sa grâce fastueuse.
J’aime son front de marbre impassible, et son œil
Où rayonne le froid soleil de son orgueil,
Noyant de rayons blancs sa forme immaculée ;
J’aime sa lèvre ferme, où l’ironie ailée
Voltige incessamment et fait courir des plis ;
J’aime son col flexible, et ses flancs assouplis