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Et j’aime à contempler les riches paysages
Merveilleux en peinture au fond des lacs dormants,
Sans rider le miroir de leurs bouquets charmants,
Sans remuer les eaux pour briser les images.

D’une fille aux yeux pers je fais la volonté ;
Je fais sa volonté, folâtre ou sérieuse. —
On m’a dit que j’aimais une grande oublieuse…
Qu’importe, si ma vie est un rêve enchanté ?

Je sais que plus d’un cœur est comme un palimpseste
Où le texte latin, croisant les mots hébreux,
N’offre aux plus érudits qu’un sens fort ténébreux…
Bienheureux qui retrouve un nom d’amour qui reste !




BAIGNEUSE


Si je suis reine au bal dans ma robe traînante,
Noyant mon petit pied dans un flot de velours ;
Je suis belle en sortant de mes grands cerceaux lourds.
Je n’ai rien à gagner dans leur prison gênante.

Voyant mes cheveux d’or ondoyer sur mes reins,
La Vénus à la conque aurait pâli d’envie.
Comme elle, sur les eaux, tritons et dieux marins,
Tout frémissants d’amour, longtemps m’auraient suivie.

Ingres n’a pas trouvé de plus riche dessin.
Quel merveilleux accord dans la grâce des lignes !
Ni taches, ni rousseurs… Pas de vulgaires signes
Jurant sur les tons purs de l’épaule ou du sein.