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» J’aime. » Philée ainsi parla le quatrième :
— « Qui n’ose pas lutter avec le dégoût même
» Connaît encor la crainte et n’est pas vraiment fort,
» Dit Hercule ; pour moi, j’affronterai la mort,
» Qu’on la nomme lion ou qu’on la nomme peste.
» Chasseur, lutteur, restez ; dompteur de chevaux, reste ;
» Et toi surtout demeure, ami des beaux contours,
» Enfant qu’un peu de glaise amuse, aime toujours ;
» Dans le temps de rapine et de meurtre où nous sommes,
» Il en faut comme toi pour adoucir les hommes,
» J’irai seul. » Il partit, et le long du chemin
Le peuple saluait l’aventurier divin.

Les étables dormaient dans l’imposant silence
Des choses que la mort détruit sans violence,
Et calmes poursuivaient au jour leur œuvre impur,
Tel un corps de Titan qui pourrit sous l’azur.
Hercule mesurant à sa vigueur la peine
Espérait en finir sur l’heure et d’une haleine :
La porte était fermée, il en tord les vieux fers
Et dans le noir cloaque entre comme aux enfers.
Aussitôt l’araignée en son gîte surprise
Se sauve en l’aveuglant de son écharpe grise ;
Il descend jusqu’aux reins dans un marais profond
Et se heurte la tête aux débris du plafond ;
L’air plein d’âcres odeurs le suffoque et l’oppresse ;
Des taureaux morts croupis dans une ordure épaisse
Encombrent le chemin l’un sur l’autre couchés ;
Des reptiles luisants glissent effarouchés ;
Il sent sous ses talons fuir des vivants funèbres,
Et la chauve-souris, prêtresse des ténèbres,
Sous le toit en criant trace de noirs éclairs ;
Les mouches au vol lourd qui rôdent sur les chairs