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I

ENTHOUSIASME


Quand on voit Mathilde de dos, et sans chapeau, on souhaite tout de suite qu’elle se détourne pour montrer le visage qu’encadre une pareille chevelure : une chevelure brun clair, assez courte, toute en reflets dorés, et bouclée et souple comme celle des enfants ; une chevelure qui mousse au dessus de vagues ondoyantes et longues, qui semblent naturelles et sont l’œuvre d’un bon coiffeur.

Mais l’œuvre de Mathilde, aussi. Car c’est Mathilde, en vérité, qui brosse, brosse, brosse à tour de bras et sans pitié ses fins cheveux, et les dégage de la mise en plis sévère et collée, et obtient ce merveilleux résultat. C’est d’ailleurs sa seule coquetterie, cette coupe qui donne à sa chevelure cet air heureux de flotter au vent, cet air de jeunesse et de santé, cet air de printemps !

Aussi, quand au concert, des gens derrière elle guettent, intéressés, le mouvement qui leur permettra de voir la figure que cache cette coiffure à la fois si naturelle et si artistique ; quand, dans la rue, les gens qui la suivent éprouvent pour sa tête nue la même curiosité, il arrive que, sentant