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orange et bleu

nous des livres, et nous relûmes quelques pages de Ramuntcho, sur la place même où Loti fait vivre son héros.

De Saint-Jean-de-Luz, nous émigrâmes à Guéthary. Le matin, au réveil, nous nous passions sous la porte, de petits billets où nous écrivions nos impressions sur le petit déjeuner que l’on venait de nous apporter ; sur l’onctueux du chocolat, des croissants…

Mais Christiane, certains jours, fut moins bien. Elle riait apparemment du même cœur et rien ne décelait ses malaises, sauf qu’elle gardait le lit et que nous faisions salon autour ! Sur sa table, il y avait des revues d’art, de mode, et des revues purement littéraires. Il y avait les derniers livres. Les discussions commençaient. Les opinions du jeune ménage n’étaient pas toujours assez orthodoxes pour mon goût. Avec son grand besoin d’être d’avant-garde, Christiane m’étonnait et son mari s’appliquait à me scandaliser. Je n’abandonnais pas, malgré ma jeunesse, ma façon de penser, pour adopter aveuglément leur manière de voir ; à cause de leur petit droit d’aînesse, je ne recevais pas en silence ce que j’appelais leurs idées fausses. Le feu de la discussion grandissait. Il finissait en éclats de rire.

Si Christiane, vers la fin du jour, se sentait mieux, nous allions avant le dîner prendre une consommation à la terrasse du prochain café. Nous ne nous blasions pas, sur ce plaisir d’être assis dehors, dégustant notre breuvage en regardant passer ce monde si nouveau pour nous. Des femmes revenaient du lavoir, le panier sur