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enthousiasme

Pierrot, il faut le dire, se préparait à dire que Poilu l’avait suivi, et ce n’était certes pas une menterie, mais son entrée dans la maison fut triomphale, et il n’eut à s’excuser de rien, et tout le monde fit fête au chien… C’était comme le retour de l’enfant prodigue. Même le père trouvait amusante l’aventure de son fils. Poilu réintégra donc son domicile, salué par la joie unanime des dix membres de la famille mais la mère pensait aux vêtements trempés qu’il fallait au plus tôt changer, et elle dit :

— Si au moins, tu avais eu du beau temps…

Mais Pierrot vivement rétorquait :

— Oh non, maman, il fallait de la pluie. Sans ça, Poilu n’aurait pas pu marcher si longtemps. L’asphalte lui aurait brûlé lies pattes. Il fallait de la pluie…

— C’est donc providentiel, dit l’aîné en se moquant.

Tout le monde se mit à table, et pendant le brouhaha ordinaire du commencement du repas : « passe-moi le sel, s’il vous plaît ; passe-moi le beurre, si tu veux ; le sucre, s’il vous plaît ; la moutarde, maman… » Poilu s’installa en rond sous leurs pieds.

Et tout à coup la plus petite qui avait trois ans, demanda d’une voix pointue :

— Tes souris, Pierrot, iras-tu aussi les chercher ?

FIN