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enthousiasme

y goûta même avec béatitude. C’était une espèce de baptême. Ici, il finissait de traverser son grand pays d’un Océan à l’autre. Un de ses plus beaux rêves était réalisé. La vie est belle quand on réalise ses rêves.

Il admira le parc, ses piscines, ses totems, ses grands parasols de pins. Il admira le port avec sa flottille de bateaux de pêche et ses énormes navires de guerre et de commerce. Puis il se rendit au pont suspendu qui l’intéressait particulièrement au point de vue technique. Il était déjà ingénieur dans l’âme, ingénieur tout le temps et partout, et logique, équilibré, ordonné…

Il était tôt, la ville était encore à moitié endormie, et il put examiner à loisir ce qu’il était venu voir de si loin. Quand les rues commencèrent de s’animer, il songea à manger. Devant un substantiel déjeuner, il apprit par un journal qu’il acheta, que Duplessis avait réussi à déloger Godbout. Fortifié, il continua sa visite. Un bras de mer coupe le centre de la ville : on l’appelle « False Creek », parce qu’il ne mène nulle part, mais il donne lieu à plusieurs grands ponts.

Sur ce « False Creek » sont établis des chantiers maritimes, des industries et plusieurs chalands sur lesquels vivent les pauvres de la ville. Cela donne un cachet spécial à ce coin déjà extraordinaire.

Louis se promena, se promena sans fin. En tramway, en autobus, il visita tous les quartiers. Les quartiers résidentiels étaient constitués de maisons détachées avec des jardins. C’était ainsi qu’il désirait voir Montréal tout entier rebâti !