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enthousiasme

et si grand. Il le remerciait en lui-même, l’âme tout élevée d’exaltation.

Bientôt ensuite le fleuve Fraser absorba la rivière Thompson, et le train suivit leurs cours combinés. À un moment donné, il traversait un pont pour suivre l’autre rive et s’engouffrer dans un tunnel. Le C.N.R. avait fait la même chose quelques milles plus haut.

La journée fut belle et le trajet, paisible et ensoleillé, se termina à sept heures du soir par l’entrée à North Bend, point où le convoi de marchandises devait changer de locomotive.

North Bend est sur la rive du Fraser un village tranquille, tout piqué de beaux pommiers. Tout près coulait un ruisseau, et Louis alla y manger ses mauvaises galettes avec de l’eau fraîche. Si sa mère l’avait vu supportant volontairement pareil jeûne ! Mais elle ne savait même pas qu’il voyageait. Il allait écrire de Vancouver même, pas avant.

North Bend était la dernière étape.

Le train ne repartit qu’après deux longues heures. Il était loin d’avoir vaincu tous les tunnels, car, après North Bend, il y en avait encore pendant une douzaine de milles. Le paysage restait très sauvage. Le Fraser suivait une gorge accidentée et pittoresque, piquée des beaux pins de la Colombie. Les montagnes des deux côtés n’étaient plus aussi aiguës et elles étaient boisées et vertes. Ici commençait la zone côtière qui est sans hiver.

Pendant que le convoi serpentait sur la berge nord du Fraser, le soleil disparut. Le ciel demeura