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hobo d’occasion

les pieds sur l’accouplement. Il regardait paisiblement le paysage quand le mécanicien laissa soudain rouler son train ; les wagons se pressèrent les uns sur les autres, et il se sentit le talon coincé entre le châssis du wagon et le couplet, et assez fortement. Il délaça son soulier, prit le risque raisonnable de le perdre pour sauver son pied !

Quand plus tard, il réussit à déloger sa chaussure, le talon en était fracassé. Il essaya de le remettre en forme, tout en remerciant le Ciel d’être encore venu à son secours. Il y avait donc une Providence pour le hobo comme pour les autres humains ! La même que celle des ivrognes, sans doute !

Au prochain arrêt il s’empressa de quitter son dangereux wagon-citerne pour retrouver celui qu’il occupait auparavant. Ses compagnons le croyaient perdu. Le train longeait maintenant la rivière Thompson. Devant Kamloops la rivière élargie formait un véritable lac. Les montagnes se dressaient presque sur le rivage, et les rails se frayaient un chemin à travers de fréquents tunnels. Puis, la rivière se rétrécissait pour descendre, et le C. P. R. la suivait d’un côté, pendant que la voie du C. N. R. la longeait sur l’autre rive. Les paysages étaient de plus en plus splendides. De véritables murailles enfermaient le cours d’eau et la voie devait monter et descendre sans cesse pour pouvoir continuer sa route vers l’ouest. Comment Louis pourrait-il, au retour, décrire aux siens ce qu’il trouvait si beau ? Dieu était bon d’avoir fait pour l’homme un monde si splendide