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enthousiasme

à 80 milles de Field, ils entrèrent dans la montagne. Ils furent dix-neuf minutes (chronométrées) dans un noir d’encre, mouchoir au nez, ce qui suffisait pour neutraliser l’odeur d’huile. Au sortir du tunnel, la nuit était complète ils ne pouvaient plus rien voir. Ils s’entassèrent tous trois comme des chats, dans un coin du wagon pour garder leur chaleur, car après la chaude humidité du tunnel ils recommençaient à frissonner.

Vers minuit, ils s’éveillèrent. Ils étaient à Revelstoke. Le train s’arrêta en face de la station. Sur un écriteau brillamment illuminé, Louis put lire, tout ému :

« MONTREAL — 2502 milles.
VANCOUVER — 386 milles. »

Dans la nuit, il arpenta les rues de Revelstoke en attendant l’heure de repartir. Il admira le superbe hôtel de ville, style moderne — qui enchanterait mon frère, se dit-il — avec ses blocs de verre et ses grandes fenêtres se prolongeant sur plusieurs étages !

Au coup de sifflet, il rejoignit ses compagnons. Ils durent changer de wagon ; des voyageurs à quatre pattes occuperaient maintenant celui qu’ils avaient auparavant ! Ils durent en prendre un découvert. Ils s’y tassèrent de nouveau pour essayer de continuer leur sommeil. Mais il faisait décidément trop froid. Le train suivait une rivière d’où s’élevait un brouillard dense qui leur donnait le frisson.

Rien ne réussissait, pourtant à entamer l’enthousiasme joyeux du jeune apprenti-hobo. Il finit par somnoler et vers cinq heures, il s’éveilla comme