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enthousiasme

Le laissez-passer d’équipe auquel il avait droit le mena à Medecine Hat. Il y descendit à quatre heures et demie de l’après-midi. C’est une ville charmante, au bord de la Saskatchewan du sud, boisée et surplombée de falaises de roches rouges. Louis pouvait se croire dans l’Arizona, auprès du grand Canyon cent fois contemplé dans ses Geographic Magazine.

Mais son admiration était nerveuse, car la grande aventure s’approchait avec ses risques. Il avait un horaire des trains de marchandises ; celui qu’il prendrait passerait à six heures. Il avait apporté son maillot de bain. Pour calmer son excitation, il décida de trouver un rivage désert et de se baigner. L’eau était bonne, le plongeon lui fit du bien, mais le courant était rapide et fort.

Il en sortit rafraîchi, propre. Il aurait pu, en attendant l’heure du départ, aller prendre un bon repas, mais il se sentait trop surexcité pour manger. Il se contenta d’acheter une demi-douzaine d’oranges, pour le temps où il serait à bord.

Il s’installa dans un parc près de la voie ferrée et attendit. Enfin, il vit que l’on accouplait au train deux puissantes locomotives et peu après, le convoi démarra. Comme il y avait une côte à gravir pour gagner les limites de la ville, le train prit tout de suite de l’élan.

Louis laissa passer les locomotives, puis les premiers fourgons ; mais quand il se décida à s’approcher, le train avait déjà trop de vitesse. Il visa un wagon-plateforme, s’élança, s’imaginant que tout le monde dans le parc avait les yeux sur lui ; il accrocha mal, ses pieds manquèrent les éche-