Page:Le Normand - Enthousiasme, 1947.djvu/185

Cette page a été validée par deux contributeurs.


XIV

HOBO D’OCCASION


Une locomotive énorme, toute puissante, qui, à la gare, attend déjà trépidante le moment de démarrer ; un train qui fuit rapide et traverse des champs inondés de soleil et de moissons ; ou encore, l’œil gigantesque qui troue soudain la nuit et la longue chenille illuminée d’un convoi qui semble percer l’obscurité ; rien n’est plus beau que tout cela pour Louis. Rien ne l’exalte davantage, rien ne lui donne une plus grande soif de conquête, de pays à voir, de rêves à réaliser.

Sa volonté déjà solide se fortifie à cette vue. Son esprit logique se tend vers l’accomplissement des projets les plus divers et les plus concrets. Comme la locomotive, il est là, trépidant, il attend lui aussi, prêt pour des aventures choisies.

Comment ses parents pourraient-ils renier les goûts qu’ils lui ont donnés ? Comment renier chez l’enfant, l’atavisme qui est venu directement du grand-père maternel et qu’eux, entretinrent chez lui avec leur amour des voyages ? Cet enfant, est-ce sa faute, si, à trois mois, il parcourait déjà le long trajet Ottawa — Baie des Chaleurs ?