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costume de pâques

présence, de sa parole, abondante, et joyeuse… de sa beauté aussi. Car Marise était belle… Marise avait des traits réguliers, des cheveux noirs que tous les teints aussi blancs que le sien lui enviaient. Elle croyait aussi posséder une jolie taille, et tout le monde le croyait aussi et l’aurait toujours cru s’il n’y avait pas eu ce costume de printemps…

Ce costume, fait par le meilleur tailleur de la ville, qu’elle avait décidé de s’offrir à elle-même cette année, comme cadeau d’anniversaire.

Marise continuait à ignorer la valeur de l’argent, même si celui qu’elle dépensait à présent, était celui qu’elle gagnait. Depuis qu’elle dépassait trente ans, Marise préférait oublier le chiffre marqué par le nouvel anniversaire ; et pour ne voir que le plus beau de la fête, aux cadeaux que sa mère et ses amies lui donnaient, elle avait pris cette habitude d’en ajouter un, qu’elle se payait elle-même.

Cette année donc, ce serait cet ensemble créé par ce couturier étranger que la guerre avait fait échouer sur nos rives et qui tout de suite était devenu célèbre et dont les prix étaient inabordables !

Des amies la blâmeraient, parce que, non contente de dilapider son argent, elle le jetait aux mains d’une race peut-être infâme ! Mais Marise était décidée. Elle gagnait son argent. Personne d’autre n’en avait besoin. Elle avait bien le droit de le dépenser à sa façon. Elle avait aussi droit à une compensation, pour son lever tous les jours matinal et tout l’ouvrage qu’elle