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sortirait encore, elle avait, Dieu merci, de précieuses et fidèles amies. Mais elle aurait autre chose à faire qu’à attendre, attendre, et ne rien voir venir.

La bachelière se remit à l’étude. La bachelière se doubla d’une traductrice, d’une sténographe. Ce français impeccable qu’elle écrivait, elle le doublerait aussi d’un anglais impeccable qu’elle écrirait et parlerait.

La tâche prit quelques années de patience et de joie. Marise découvrait la satisfaction d’agir, de poursuivre un but concrétisé.

Ses dix-huit ans envolés, sa vingtaine bien entamée, elle comprenait aussi que les années qui passent et vous transforment, apportent avec elles leurs compensations. Avoir moins d’illusions, c’est être préservé de plus d’erreurs… L’expérience perfectionne l’art de vivre…

Marise avait l’insigne bonheur d’avancer en âge sans vieillir au moins sur un point : son enthousiasme avait la vie dure. Il restait intact. Son enthousiasme serait, ma foi, éternel. Se faisait-elle une robe ? Tout le monde devait l’apprendre, devait la voir. Réussissait-elle une traduction ? Tout le monde devait l’apprendre et la lire. Aimait-elle un beau livre ? Tout le monde devait l’apprendre et en écouter l’analyse. Allait-elle à une élégante réception ? Tout le monde devait l’apprendre et avoir l’eau à la bouche à l’énumération des plats qui avaient composé un dîner fin…

Tout le monde, c’étaient les amies et amis que Marise conservait et aimait et réjouissait de sa