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enthousiasme

les miettes de verre avant qu’on ne l’y aidât, Marise disait :

— C’est un hasard heureux, maman. Ce plafonnier était laid, démodé. Il n’y en a plus dans les salons modernes. Nous ferons poser une petite plaque qui ne déguisera rien et laissera reines et maîtresses de la lumière nos belles lampes.

Mais l’orage maternel tombait quand même abondant sur sa tête.

— Ah ! Marise, seras-tu donc toute ta vie aussi étourdie ? Jouer au tennis dans un appartement ! Si j’avais prévu pareille bévue, je ne me serais pas appauvrie pour te donner cette raquette…

Elle dut pourtant s’appauvrir ensuite pour lui payer un abonnement à un « tennis d’intérieur », et un professeur, et de belles robes de sport bien blanches…

Marise était alors une débutante oisive, qui, son bac en poche, se reposait sur ses lauriers. Ses études finies elle n’avait plus rien à faire, qu’à attendre les invitations, à les accepter, à les rendre, à se dévouer à quelques œuvres de charité bien cotées, à lire les livres à la mode, dans les moments de loisirs que lui laissaient ses occupations vaines et sans importance. Et à attendre le prince charmant. Il en passa plusieurs. Aucun ne lui parut digne de son amour. Aucun sentiment ne la soulevait de cet enthousiasme exalté dont elle avait besoin pour agir… Peu à peu, le monde se révélait un lieu où l’on s’ennuie. De très gaie qu’elle était d’abord, Marise devenait pensive et triste, et en elle-même mécontente. Il est éner-