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enthousiasme

satisfaisant. Ce n’était ni beau, ni agréable, car elle n’aimait pas à pédaler pour pédaler, mais pour avancer, respirer du bon air, voir du pays, admirer, découvrir.

Les tempêtes de neige semblaient enfin finies. Le printemps était en chemin. Le soir, parfois, quand Mathilde allait reconduire quelqu’un jusqu’à la porte, une gorgée d’air frais lui paraissait soudain parfumée comme une bouffée de lilas ! Mais les lilas étaient encore loin et, dans sa rue, les bancs de neige gardaient leur formidable hauteur.

Le temps avait tout de même passé, et un bon midi, rayonnante, elle avait annoncé :

— Tout à l’heure, je prends la route.

— Tu n’iras pas loin, par ce froid.

— Il ne fait pas froid. Le soleil est chaud.

— Hum ! il doit être brûlant en effet…, en mars…

— Mais oui, en mars, le soleil est chaud.

Le repas fini, elle avait couru s’habiller… en conséquence, pendant qu’un frère complaisant gonflait les pneus sous l’œil critique d’un autre frère.

Quand Mathilde reparut devant eux, elle était en costume de skis, elle avait des chaussettes de laine et un foulard au cou, et elle tenait à la main… deux paires de mitaines. Mais elle était nu-tête.

C’était là que frapperait le printemps !

Elle fut accueillie par les habituels rires moqueurs.

— Ne prétendais-tu pas qu’il faisait chaud ? que le soleil brûlait ?