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enthousiasme

les fêtes de toutes sortes furent toujours dans sa vie des jours glorieux, même parmi la grisaille des années les moins prospères. Noël, le Premier de l’An, Pâques, son anniversaire, tous ces événements étaient et sont encore marqués par de somptueux cadeaux et par de plus somptueux festins. Marise a mangé des fraises hors saison. Marise a ouvert des huîtres achetées à prix d’or, Marise a eu sa dinde de Noël, et qu’il fallait manger avec des invités, parce qu’une dinde bien à point, mangée à deux, ce n’est ni drôle, ni bon ; c’est trop, cela coupe l’appétit.

Et les cadeaux ont toujours été des cadeaux splendides. À ceux qui accusaient parfois la mère de gâter sa fille, la mère répondait :

— Que voulez-vous, je n’en ai qu’une.

Et aujourd’hui que Marise, dans sa superbe ignorance ou son mépris de l’argent, achète à son tour des présents d’un prix parfois excessif, elle répond en riant à l’auteur de ses jours qui proteste :

— Que veux-tu, je n’ai qu’une mère, après tout.

Aujourd’hui, d’ailleurs, Marise est une personne arrivée. Elle a une situation excellente. Elle a gagné elle-même ce qu’elle dépense. Elle pratique sans l’avoir lu le « Devoir d’imprévoyance »… Mais, hélas ! ce n’est pas pour croire, comme Isabelle Rivière, qu’il faut avoir en Dieu une confiance illimitée, qu’Il aura soin de nous comme Il a soin du lis des champs, et qu’Il aime que par amour pour Lui, on donne beaucoup au prochain…

Non, Marise n’est pas mystique. Marise a la foi solide, mais grêle. Marise est individualiste,