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VIII

LES JUMEAUX


Guy était né cinq minutes après André, mais dès ces premiers instants, ils étaient si pareils, que personne, sauf leur mère ne parvint à les distinguer l’un de l’autre. Mêmes cheveux blonds, mêmes yeux bleus, même nez aquilin, même bouche sinueuse, même poids, même taille.

Et quelques mois plus tard, mêmes dents, mêmes gestes, mêmes progrès.

Bébés, il y eut longtemps ces petits rubans bien marqués pour les reconnaître. Mais quand ils purent trotter partout, et parler un peu, la confusion ne fit qu’augmenter.

Confusion qui amusait grandement la jeune mère. C’était le troisième enfant qu’elle attendait lorsqu’ils lui avaient fait la surprise d’arriver deux à la fois. Avec les aînés, elle avait dépassé le stage de l’apprentissage maternel. Elle savait son métier, et elle le savait bien. Elle avait de l’ordre, elle était vive, adroite. L’alimentation rationnelle n’avait plus de secrets pour elle, les méthodes modernes non plus. On se moquait même un peu d’elle, parce qu’elle réussissait plus tôt que per-