Page:Le Nismois - L’Armée de volupté, 1900.djvu/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
— 64 —

Lucette se contenait-elle ! Elle s’était donnée, mais la fougue l’entraînant, elle avait détourné le plaisir dans un transport personnel, n’empruntant au mâle que sa vigueur sans lui retourner cette langueur reconnaissante qui unit l’âme à la volupté.

L’homme ne s’aperçoit pas de la nuance, il en éprouve le contre-effet par l’affaissement qui succède à la grande surexcitation, par l’étonnement de l’esprit se ressaisissant brusquement.

Il restait le plus sincère admirateur pour la beauté de la femme, avec un peu d’émotion vaniteuse pour la maîtresse acquise, l’image de Lucie luttait victorieusement avec celle de Lucette, à cette heure de plaisir satisfait : la consolation cherchée devenait l’angoissante obsession du lendemain, par le souvenir des vaillantes fougues ressuscitant si bien les forces.

Le dernier spasme achevé, les lèvres se séparant dans une dernière caresse, Lucette emmena Émile dans un cabinet de toilette tout près, où elle le quitta, pour aller s’habiller dans son boudoir, et