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ressentait plus aucune inquiétude ; elle avait déjà sous la main les femmes qui convenaient à ses plans et de ces femmes elle savait que jamais elle n’aurait rien à craindre.

Depuis leur installation à S…, Irène s’intéressait à une formation de personnalité féminine qu’elle avait entreprise, par dilettantisme, et qui répondait à merveille à l’éducation qu’elle donnait.

La jeune Annina, engagée comme fille de chambre, n’eût pas été à proprement parler une beauté éblouissante : blonde-châtaine, avec des yeux gris, le visage régulier et bien pris, elle était plutôt grande que petite, ce qui lui imprimait une allure dégingandée et exagérait sa maigreur.

Peu aimée de son oncle Jacopin, à la charge de qui elle était restée, par la fuite de sa mère avec un officier, orpheline de père, elle entra au service d’Irène et lui voua une adoration des plus vives, lui obéissant au moindre signe, cherchant à l’imiter dans ses grâces et ses attitudes, ce qui finit par amuser Irène. Celle-ci s’accoutuma à son service de poupée vivante, de mannequin intelligent, pour essayer des effets de nuances dans les étoffes, lui inspirant