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Entends le soupir
De l’amour qui souffre,
Entends le soupir
D’un cœur pour mourir ;

Entends les doux vœux
De la vierge éprise,
Entends les doux vœux
Qui sont des aveux.

Et que monte à toi,
Dans un vol de brise,
Et que monte à toi
Cet hymne de foi !

Car tu règnes, selon la Gloire et ton génie,
Au ciel resplendissant des Poètes-élus,
Dont l’œuvre de ferveur puissante et d’harmonie
Laisse une clarté d’aube aux temps qui ne sont plus.

Le verbe a tressailli pour toi dans le murmure
Du vent des soirs d’automne alanguis et profonds,
Où l’ombre qui s’épanche appesantit nos fronts,
— Et tu seras bénie, en ta douleur obscure,

Puisque ton chant d’amour, doucement attendri
Comme une voix de sœur divine ou bien de mère,
Aide à pleurer ceux-là dont le grand cœur meurtri
Dérobe une blessure inguérissable et chère ;

Et que tu sus les mots d’ineffable bonté
Qui, jaillis de ta bouche en plainte harmonieuse,
Nous font une âme plus ardente et plus pieuse,
Par leur grâce touchante et leur simplicité ;

Et que tu fus la pauvre amante désolée,
Dont les yeux sont emplis d’un éternel adieu,
Et dont le geste las, vers la joie en allée,
Pardonne à la souffrance et se lève vers Dieu !


Adolphe Lacuzon.