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En lui j’eus toujours confiance,
Et j’éprouvai quelque allégeance
À le prier avec moi.
Pour tous les pauvres je fus bonne
Et, bien souvent, j’ai fait l’aumône
À de plus malheureux que moi.

— C’est vrai !… Je vous connais !… Vous êtes une femme,
Dit la mère avec joie, et vous avez notre âme
À toutes ! Je vous aime et je vous comprends bien.
Je dirai vos chansons : ce sera le lien
Entre vous, l’immortelle et pure disparue,
Et ceux qui, comme moi, sont nés dans votre rue.

Oui, Marceline fut, jusqu’au bord du cercueil,
L’écho toujours fidèle et la voix résignée
Des douleurs de l’amour et des mères en deuil ;
Mais l’infortune l’a brillamment couronnée !
Nous chanterons longtemps comme elle, en la Cité
Qu’on peut démanteler, — mais qui, sans ses murailles,
N’en a pas moins ses goûts d’élite, ses entrailles
Vibrantes d’harmonie, et son Art respecté.
Honneur donc à la grande et simple Douaisienne,
Car notre âme, à nous tous, est faite de la sienne !


Paul Demeny.