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inauguration, la seconde, à propos de ma conférence, me développent spirituellement leur prédilection pour l’auteur du trop célèbre « cher petit oreiller » qui longtemps (l’attention ne se pose-t-elle pas toujours de préférence sur les moindres cimes ?) prévalut par dessus de plus notables mérites.

D’où naît — et comment se l’expliquer, le vol de tant de prestigieux esprits à l’entour de cette passiflore désolée, de cette triste fleur dont elle a elle-même poétiquement écrit :

Vois, dans l’eau, vois ce lis dont la tête abaissée
Semble se dérober au sourire des cieux ?

C’est que la poésie de Madame Valmore se pourrait dénommer : L’éloquence de l’amour. Et, entre toutes ces amours, le plus tendre, celui qui nous reporte à ce qu’elle appelle joliment : « nos jeunes annales », nous fait avec elle nous écrier :

Viens réchauffer ce cœur séché de nostalgie,
Le prendre et l’animer d’une fraîche énergie.

. . . . . . . . . . . . . . .

Oh ! qui n’a souhaité redevenir enfant !

Ce sera continuer mon œuvre de rapporteur et de commentateur par la seule éloquence des faits, et la qualité des personnes, que de poursuivre et de conclure sur l’appel des noms illustres et charmants de ceux et de celles dont nul obstacle n’a su arrêter l’admirative sympathie.

M. Anatole France, le délégué de notre Gouvernement, l’auteur de Thaïs et de tant de chefs-d’œuvre, le maître dont le nom est synonyme de séduction et de perfection, et dont la présence et la présidence, en cette assemblée, sont pour elle, de tant de décor. J’ai nommé plus haut M. Catulle Mendès. Et voici près d’eux, pour fêter l’auteur des Roses de Saadi, M. Armand Sylvestre, le merveilleux poète du Pays des Roses.

Parmi les artistes que vous allez applaudir, et qui ont su encore embellir leurs très rares mérites par la plus complaisante des bonnes grâces, je salue et remercie les plus célèbres noms de notre théâtre et de nos concerts : Mmes Brandès, Moreno, Segond-Weber, Éléonore Blanc ; MM. Lucien Guitry, Léon Delafosse et tous les excellents musiciens de vos orchestres et de votre ville.

Quant à Mme Sarah Bernhardt, il me plaît — et qui d’entre vous n’y applaudirait ? — de vous en parler davantage. C’est au retour d’une de ces glorieuses tournées, grâce auxquelles elle a porté si loin et placé si haut la