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CHAPIRONNER, v. a. — Gronder, réprimander. Il a chapironné le Gusse, censément qu’i fréquentait trop la Barnadine. — De ce que, au moyen âge, on disait en parlant des oiseaux de proie, chaperonner, pour leur couvrir la tête d’un chaperon, qui, en les plongeant dans l’obscurité, les rendait absolument dociles.

CHAPIRONNER (SE), v. pr. — Se dresser sur ses fumerons, comme le coq sur ses ergots. Littéralement dresser son chapiron (voy. ce mot).

CHAPIT, s. m. — Hangar, abri, petit couvert. Virginie faisait à Paul un chapit de son jupon. — De cappa, chape, et par dérivation abri.

CHAPLER, v. a. — Aiguiser les faux on les martelant. — Vieux français chapler, battre, devenu chapeler.

CHAPON, s. m. — 1. Sarment pour bouture. C’est aussi le nom donné aux jeunes vignes jusqu’à ce qu’elles produisent, c’est-à-dire jusqu’à cinq ou six ans. Un carré de chapons. — De caput, tête, et, par extension, extrémité. Le chapon est un bout de sarment.

2. Croûte de pain frottée d’ail, qu’on met au fond du saladier. Beaucoup la mangent. Là-dessus trois verres de roide, trois pipes, et, si c’est le soir, le lendemain matin l’on est suave ; si c’est le matin on a la bouche fraiche toute la journée.

3. La gousse elle-même dont on frotte la croûte. Dans cette dernière acception, Littré confond le mot sous la même étymologie que chapon, coq châtré. C’est une erreur. Il vient de caput. La gousse est une tête d’ail, et de la gousse le nom s’est étendu au croûton qui en est frotté.

CHAPONNIÈRE, s. f. — Une ranche de ceps, Mettre la vigne en chaponnières. La planter par ranches en même temps qu’en échiquier. — Fait sur chapon.

CHAPOTER, v. a. — Frapper avec un marteau, une mailloche, etc. Au fig. Frapper à coups de poing. — Le président : Vous êtes prévenu d’avoir battu votre femme.Le prévenu : Ah ben, si en république, on peut plus chapoter sa femme !Le président avec douceur : On ne vous dit pas de ne pas la chapoter, mais il ne faut pas l’assommer ! — En vieux lyonnais chapoter signifiait tailler, en parlant du bois. D’un radical cap, qui signifie tailler. Rabelais emploie chapoter au sens lyonnais moderne de frapper.

CHAPUIS, s. m. — Charpentier. Mot tombé en désuétude. M. Godefroy dit qu’il est encore usité dans le patois lyonnais. C’est bien possible, mais je ne l’ai jamais entendu. — Subst. verbal de chapuiser.

CHAPUISER, CHAPUSER, v. n. — 1. Char- penter. Pourquoi-t’esse que ton mari a une poupée au doigt ? — Pardine, il est adroit comme l’oiseau de saint Luc, et i veut toujou chapuser ! Manquablement, i se chapuse les doigts.

2. Tailler menu, couper en débris en parlant du bois. — Du radical cap.

CHAPUISEUR, CHAPUSEUR, s. m. — En vieux français un chapuiseur était un charpentier. Nous avons gardé le mot seulement au sens d’homme qui a le goût de chapuiser, comme les bourgeois retirés à la campagne. Un de nos vieux proverbes dit, parlant par respect : Mieux vaut être près d’un caqueur que d’un chapuseur. Salomon n’eût pas mieux dit. L’un n’offense que le nez, l’autre peut vous tirer un œil d’une éclape.

CHAQUE. — Ces cornes à piston valent un sou chaque. Il faut dire un sou chacun, de par les savants. Ça, c’est juste comme le doigt au trou.

CHARABARAT, s. m. — Marché aux chevaux. - Le vieux sens était verbiage, caquetage bruyant, du prov. charra, caqueter.

Peut-être une forme lyonnaise de charivari que le bas latin exprime par carivarium, charavaria et autres onomatopées. À rapprocher de charabia.

CHARASSEMENT, s. m. — « Le bâton dispose d’une grande force comique. La pièce reçoit de cet agent une vigueur admirable ; elle se précipite vers le grand charassement final. C’est ainsi que les Lyonnais, chez qui le type de Guignol fut créé, désignent la mêlée générale qui termine toutes les pièces du répertoire. » (Anatole France, Guignol).