Page:Le Littré de la Grand'Côte, éd. 1903.pdf/91

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pourvu de poils, a la qualité d’être très adhérent, surtout quand on le met dans les cheveux. On ne peut plus s’en débarrasser. C’est une plaisanterie de bon goût de remplir sa main de catolles, puis de la passer doucement dans les cheveux d’une dame pour la caresser ou juger de la beauté de sa natte postiche. — C’est catolle 2, parce que le grateron fait ainsi des catolles.

4. Une cancorne, spécialement une bigote qui se scandalise de tout. Entre deux jeunes filles : Eh ben, Parnon, as-te bien dansé à la vogue ? — Ah ben vouat’ ! ma tante qu’a pas voulu ! — Voyez-vous, c’te vieille catolle ! — C’est encore catolle 2 : Une femme qui vous accroche comme un grateron, et dont on ne peut se débarrasser davantage.

CATOLLER, v. n. — Hésiter, Barguigner. Catoller, agir en catolle, manquablement.

CATON, s. m. — Grumeau. Je connaissais un jeune pousse-canule à prétentions. Cela fait, Madame (disait-il devant moi), si je puis employer le terme pharmaceutique, des grumeaux. — Allons, dit la dame impatientée, je ne connais pas le patois ; vous voulez dire des catons ? — De catir, avec le suffixe diminutif on.

CATONNÉ, ÉE, adj. — Qui est en catons. Cadet, pourquoi t’est-ce que le mange pas ta farine jaune ? — P’pa, elle est toute catonnée.

CAUCHE-VIEILLE, s. f. — Cauchemar. « Les Lyonnais disent cauche-vieille, » écrivait Ménage au mot cauchemar, voilà plus de deux siècles. Mais pourquoi vieille ? Le démon ne chauche pas les vieilles de préférence aux jeunes. Ne faut-il pas lire, suivant la construction germanique : Vieille qui chauche, comme cauchemar est démon qui chauche (vieux haut allem. mar, « incubus? »). Après tout, on peut assez bien se représenter le démon sous la forme d’une vieille. En partie tous nos jeunes anges deviennent de vieux diables.

CAUSE. — À cause ? loc. interrog. — Pourquoi ? Bargeois', disait un jour notre petite apprentisse, comment que vous trouvez le Benoît ? — Je le trouve bien gentil. À cause? — À cause de rien. Remarquez que toute les fois que vous leur direz : « À cause de quoi ? » les femmes vous répondront toujours « À cause de rien ». Dans l’espèce, il n’est pas sûr que pour l’apprentisse ce fût à cause de rien.

CAUSETTE, s. f. — « Entretien qui a de l’abandon et de la bonhomie, conversation nourrie et animée, mais douce et facile… Expression heureuse, qui n’a point d’équivalent dans la langue des dictionnaires ; et dont ils feraient bien de s’enrichir. » C’est ainsi que parle excellemment le puriste Humbert, indulgent à ses heures. Le mot est très répandu. Au Scholasticus lugdunensis faciens causettam cum puella praesumitur dicere Pater noster ? — Non ita, écrit le célèbre Papinien dans ses Libri XIX responsorum.

CAVALETTES, s. f. pl. — Harnais du métier d’uni qui n’existait pas de mon temps. — Ce sont deux cadres de bois rentrant l’un dans l’autre, mais qui n’ont que trois côtés. Les deux branches d’équerre ont leur bout pivotant sur des orillons fixés aux pieds de devant du métier, au-dessous des banques ; le grand côté de chaque cavalette est assujetti à la marche par un crochet et relié aux lisses par des cordes. Mais comme les cavalettes seraient trop minces d’épaisseur pour y attacher le nombre de lisses qu’elles doivent faire baisser, on y supplée par des règles de bois intermédiaires, qu’on nomme sabots, et dont le profil en forme de la moulure appelée talon, et allongé dans le sens de la longueur du métier, permet d’y accrocher, sans dévier de la verticale, des cordes correspondantes aux lisses actionnées par la cavalette. — Par ainsi, en baissant la marche, la cavalette s’ouvre et tire les lisses par en bas, ce qui a l’avantage de faire ouvrir franchement le pas. — De cavale, comme chevalet, de cheval. On a comparé le mouvement des cavalettes au pas du cheval.

CAVE. — Jadis nom d’une prison provisoire à l’hôtel de ville, qui chaque nuit s’emplissait de vagabonds, de voleurs et de Vénus du trottoir. Passer une nuit à la Cave. Locution de la meilleure compagnie, témoin la réponse d’une haute et noble dame de la galanterie lyonnaise, aujourd’hui vieille, et puissante à en être d’un remuage difficultueux (on la reconnaitra). Un jour qu’elle s’était un peu oubliée à souper, elle tomba, sur le coup de deux heures du matin, à la porte de son