Page:Le Littré de la Grand'Côte, éd. 1903.pdf/88

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CAROUGE. — C’est un carouge, C’est un refuge de canailles. — De ce que jadis les banqueroutiers, etc., qui s’enfuyaient de Lyon se réfugiaient généralement à Carouge, faubourg de Genève. Faire Carouge, Faire faillite ; spécialement s’enfuir après faillite.

Il y a cinquante ans, on appelait Carouge le groupe des maisons bâties, au sortir des barrières de la Croix-Ronsse, grande rue Coste. Le petit Versailles était alors le petit Carouge.

CARPE. — Rester comme une carpe qui perd l’eau, Rester bouche bée, sans savoir que dire.

CARPIÈRE, s. f. — Marchande de poisson, parce que jadis le poisson le plus commun était la carpe. Les carpières sont renommées pour la beauté de leur langage académique. Elle m’a dit de sottises, autant une carpière ! — Et te lui as repondu, autant un avocat de plate !

CARQUELIN. — Forme métathésée de craquelin.

CARRE, s. m. — Le carre de la rue Mercière, au point de rencontre des rues Mercière et Thomassin. Comp. l’anglais square. (M. D.)

CARRÉ, s. m. — Un carré de mouton, terme de boucherie. Se dit d’un morceau qui comprend plusieurs côtelettes réunies ensemble.

Carré pointu, Triangle. Ce n’est pas beaucoup plus extraordinaire qu’un « carré long », qui n’est plus carré puisqu’il est long. Jouer au carré pointu. Sorte de jeu de gobilles où les gobilles sont préalablement disposées en triangle.

CARRÉ, adj. — Carré des épaules. Se dit figurément de quelqu’un qui est un bon mari. Ma blanchisseuse étant devenue veuve, elle se remaria, comme bien s’accorde. Eh bien, que je lui faisais, Madame Buyant, êtes-vous contente de votre nouveau mari ? — Ah, M. Puitspelu, c’est un bien brave homme, mais il n’est pas carré des épaules comme l’autre.

Carré comme la rue Longue. Image fort usitée quoiqu’elle ne soit plus guère de raison, depuis que la rue Longue à quadruplé de largeur. Lorsqu’un bisque venait chez nous acheter des mouchoirs de poche à carreaux pour les tabassus, il ne faillait jamais à demander : Sont-ils carrés au moins ? — S’ils sont carrés ! faisait mon oncle Cadet avec indignation. — Ouin ! carrés comme la rue Longue, répondait invariablement le bisque, en pliant en diagonale le premier mouchoir de la pièce, afin de s’assurer de ce qu’il en était.

CARREAU, s. m. — 1. Terme de construction lyonnaise. Petite dalle rectangulaire, posée sur chant, et qui sert à former un joli parement à un mur en maçonnerie qu’on veut faire croire en pierre de taille. S’emploie surtout par opposition au mot boutisse : appareillé par carreaux et boulisses.

2. Terme du jeu de boules. — Faire un carreau, baucher une boule en place.

CARREAUDAGE, s. m. — L’ensemble des carreaux et boutisses formant le parement d’un mur.

CARRÉE. — Pièce carrée. C’est le nom que nos charpentiers donnent à une équerre d’architecte, parce qu’elle est triangulaire.

CARRELET, s. m. — Petite règle à quatre côtés égaux, pour régler le papier. — Du vieux franç. quarrel, carreau.

CARRICHON, s. m. — Un carrichon de pain, Un gros quartier de pain. Déjà usité au xviie siècle : « Et cely carrichon de pan, — Per lo garda de la fan. » (La Bernarde). — De carré avec un suffixe fantaisiste. On suppose le pain coupé en carré.

CARRON, s. m. — Carreau de terre cuite. Vieilli. — De quadratum.

CARRONAGE, s. m. — Carrelage. Au xviie siècle siècle ce mot appartenait à notre langue lyonnaise officielle.

CARRONER, v. n. — Daller avec des carrons. Ménage l’a mis dans son Dictionnaire étymologique. Après une citation des Voyages de Monconis, qui dit qu’à l’Alcazar de Séville « les allées sont carronnées », Ménage ajoute : « C’est aussi comme on parle présentement parmi le petit peuple de Lyon et des villes circonvoisines. »

CARTABLE, s. m. — Il se compose de deux grandes feuilles de carton, retenues ensemble par un dos en peau ou en toile, et munies d’attaches pour empêcher les feuilles de s’échapper quand on a mis les