Page:Le Littré de la Grand'Côte, éd. 1903.pdf/82

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CALER (SE), v. pr. — Se glisser. Laurès, dans son Supplément à Pernetti, donne l’histoire de Madame Je me Cale. Ma mère la racontait avec des détails plus piquants. Lorsque la dame alla porter sa plainte à M. Vaginay, celui-ci lui dit que le meilleur parti était de ne pas faire attention à ces plaisanteries. — Que voulez-vous, fit-il avec bonhomie, on m’appelle bien Monsieur de la Diligence embourbée ! — Madame, piquée de voir que M. Vaginay n’attachait pas plus d’importance à son cas, se lève pour sortir, et, arrivée à la porte, lui fait une de ces profondes révérence de menuet, à triple étage, comme en savaient faire nos grand’mères : Bonsoir, Monsieur de la Diligence embourbée ! — À quoi M. Vaginey de répondre par un salut à fond ouvert : Bonsoir, Madame Je me Cale !

Ma mère m’a souvent chanté un ou deux couplets de la chanson qui avait pour refrain : « Madame, je me cale ! » Mais je n’en ai rien retenu, que le motif du refrain.

C’est, au neutre, le vieux français caler, descendre, enfoncer.

CALLICHE, s. f. — Massue pour assommer les bœufs. Dans nos campagnes callichi, bâton pour brayer le chanvre. — De cala, bûche.

CALLICHET, s. m. — Petit morceau de bois pointu des deux bouts pour jouer au canichet ou au quinet. — De calliche.

CALMANDRE, s. f. — Calmande, sorte d’étoffe. Comp. amandre pour amande.

CALVAIRE. — Un calvaire de décorations. Se dit d’un homme qui a trois croix. Pour Castellane c’était un cimetière.

CALVIN. — Faire des yeux de Calvin, Regarder de la façon la plus haineuse. Quand la Colarde s’a aperçue que son mari me trouvait plus jolie qu’elle, alle n’a fait des yeux de Calvin. — Vieux dicton catholique, souvenir des guerres religieuses du xvie siècle.

CALVINE. — Pomme calvine pour pomme calville. « L’origine de ce mot ne m’est pas connue, dit Ménage… Il se peut que les pommes de calville ayent été ainsi nommées de quelque lieu appelé Calville. Et à ce propos, il est à remarquer que, dans le voisinage de Lyon, du costé de la Bresse, il y a un lieu appelé Calville. » Le Calville de Ménage, c’est Caluire. Il a peut-être été trompé par la confusion graphique de v et u, mais il faut bien qu’il ait été victime de la confusion euphonique de l et r, comme dans pomme calvine, nous avons été victimes de la confusion de l et n.

CALVIRE. — Pomme calvire pour pomme calville. Ménage dit « qu’il est à remarquer qu’en Languedoc on dit pomme de calvire. » Ge genre de pommes n’est pas, que je sache, connu en Languedoc. Calvine et calvire, tous deux usités chez nous, sont simplement deux formes de calville. Quant à ce dernier mot, j’en ignore l’origine, mais elle n’est pas due à un nom de lieu. Il n’existe pas en France de commune appelée Calville.

CAMBOUILLIR, v. a. — Trop bouillir. Une maîtresse de maison à table : Je ne sais pas pourquoi cette bonne fait comme ça cambouillir sa viande ! Autant de mourve ! — De bouillir avec le préfixe préjoratif ca nasalisé.

CAMBRONNE, s. m. — Carbone. Je traite mes vignes au sulfure de cambronne, me disait un brave viticulteur de Venissieux.

CAMELOT, s. m. — Ce n’est pas le sens moderne de vendeur sur la voie publique. C’est simplement un terme de mépris en relation avec camelotte. « Les Pares Camelots — De la Guillotière… » dit un vieux noël. Les Pères Camelots sont ici les Picpus qui s’établirent à la Guillotière en 1607.

CAMELOTTE, s. f. — Contrebande. Faire la camelotte, Faire la contrebande. « Et gn’ y aura plus de gâpians que brassiont les appas de nos femmes pour voi si gn’ y a de camelotte. » (Adresse à Sa Majesté Louis-Felippe.)

CAMELOTTIER, s. m. — Contrebandier.

CAMION, s. m. — Suivant Cochard : « Petit tombereau à bras dont se servent les maçons. » Ce n’est pas absolument exact. Notre camion n’est pas un tombereau, mais un chariot très bas, à deux roues, sur quoi les ouvriers font le bardage des matériaux. On le nomme aussi crapaud.

CAMPAGNE, s. f. — Maison de campagne. On le trouve dans Saint-Simon : « Il