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blason avec ceux de la mythologie). Et nous autres d’approcher respectueusement : M. le comte, prenez garde à votre cabot, on a jeté le bocon ce matin ! — Je crois que cabot est pour le vieux franç. clabaud, chien aboyeur. Comp. cafi pour clafi.

CABRILLON, s. m. — Fromage tout petit, épais et qu’on mange mi-frais. À ma petite ême, le roi des fromages. — De cabre, chèvre (dans les dialectes d’oc), parce que le cabrillon se fait avec du pur lait de chèvre.

CABUCHER, v. n., terme de batellerie. — Se dit d’un bateau qui sombre en s’enfonçant de la proue. — De caput, parce que le bateau pique une tête.

CABUNE, s. f. — Même sens que caborne, dont il est sans doute une forme.

CACABOSON. — Se mettre à cacaboson, S’accroupir. Le mot représente, parlant par respect, caque-boson. Outre que la métaphore manque d’élégance, on voit que c’est un pléonasme, vu que le verbe n’a pas le choix du régime. Mais le peuple aime le pléonasme. C’est une manière de frapper deux fois sur la tête du clou.

CACARUCHE, s. f. — 1. Croque au front, contusion à la tête. Se faire une cacaruche sur la bosse du crâne. — De roquer, heurter, et un préfixe ca, redoublé pour accuser le caractère péjoratif.

2. Chapeau de femme passé de mode, ridicule, fané. J’étais chez une modiste (honni soit qui mal y pense). Vient Mme de X… pour un chapeau. La modiste empressée, souriante, minaudante : Voyez, Madame, un modèle de Paris ; je l’ai rapporté lundi passé. — Est-ce que vous croyez que je veux d’une cacaruche pareille pour m’embroncher tout le visage ! — Madame préférerait peut-être un chapeau à la cuque-moi donc ! fit la modiste pincée. — Assemblage fantaisiste de syllabes péjoratives.

CACHE, s. f. — Cachette. Mot français, mais, par désuétude, devenu provincialisme.

CACHE-GUENILLES, s. m. — Se dit de tout vêtement ample et long qui se met par-dessus les vêtements ordinaires. Par ainsi, les dames peuvent aller au marché ou à la messe, tout en restant en sale par-dessous.

CACHE-MAILLE, s. f. — Tirelire. Elle est en terre cuite vernissée, communément de couleur verte. C’est une boule qui porte sur un pied, et qui a une fente par où faire passer les sous. Quelquefois la cachemaille est peinte grossièrement, pour figurer une tête dont la fente aux piastres serait la bouche. — Figurément Tête. Se fêler la cache-maille, Se donner ur fort coup sur latête. — De cache et maille. La maille était la plus minime des monnaies. C’était la moitié d’un denier, soit la vingt-quatrième partie d’un sou. Il en fallait six pour faire un liard.

CACHET, s. m. — Pain à cacheter. Donnez-moi pour un sou de cachets. Devrait être français. En effet, se dit non non seulement de l’objet avec quoi l’on imprime, mais encore de la matière avec laquelle on cachette. Or, on cachette bien avec un pain à cacheter.

CACHON, s. m. Noyau des fruits. Jouer aux cachons (aujourd’hui jouer aux noyaux). On jette avec force un cachon d’abricot dans le dauphin d’un cornet de descente. Le cachon redescend en bondissant sur la cadette. Tout noyau lancé reste au jeu jusqu’à ce que l’un d’eux, en redescendant, en poque un autre. Alors, gagné ! Des fois, quand nous étions le plus acharnés, gouaf ! gouaf ! dévalait un siau d’eau de vaisselle grasse, de savonnage, etc., avec un tas d’ordures que les bonnes font passer par le trou de l’évier, qui emportait tous les cachons, jiclait sur le nez du gone à cacaboson, cochonnait les culottes, que c’était une horreur. — Il faut bien payer ses plaisirs.

CACOU, s. m. — Œuf. « De beurre et de cacoux, — Qu’ils s’en lichont jusqu’au cou. » (La Vogue.) — Onomatopée du cri de la poule qui a fait son œuf.

CADAVRE, s. m. — Corps vivant. Seulement dans ces expressions. Un beau cadavre, Un grand cadavre, pour dire une belle charpente. J’étais au bal de la Préfecture avec Galupet. Vient à passer une dame superbe : un vrai gendarme. Je ne pus m’empêcher de m’écrier : Quel beau cadavre, hein ? — Ah ! fit Galupet troublé, un