Page:Le Littré de la Grand'Côte, éd. 1903.pdf/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peut pas tenir à un ouvrage patel. Elle dit que de remonder, ça la fait tourner en bourrique.

BOURRON, s. m. - 1. Petit ânon. — De ce que le poil du petit ânon ressemble à de la bourre.

2. Petite touffe de laine, soie, etc. Tiens, tiens, le Victor qu’esse allé chez des dévideuses : il a tout plein de bourrons après ses culottes. Fine plaisanterie que les demoiselles ne manquent jamais de faire aux messieurs, toutes et quantes fois qu’ils en offrent l’occasion.

3. Petit paquet de chiffons, de papier, etc., bien serré : Fais-me donc passer un bourron de papier. — Pourquoi-t-est-ce faire ? — Pour faire l’âme de mon peloton.

BOURRU. — Vin bourru. Littré en donne cette définition : « Vin blanc nouveau qui se conserve doux dans le tonneau pendant quelque temps. » Chez nous, c’est simplement le vin à l’anche de la cuve. Il est un peu trouble, fort sucré, et tout de même l’on se fiole avec. Quand j’étais petit, je n’aimais pas le vin de Bourgogne, mais le vin bourru, si bien !

BOUSILLAGE, s. m. — Défaut dans la pièce du canut. Par extension, sottise, faute. Je sais pas, disait le père Fouilleron, en voyant s’élargir la ceinture de sa fille, je sais pas ce qu’a fait la Parnon ; j’ai bien peur que l’oye fait encore quelque bousillage.

BOUSILLER, v. a. — Faire un travail de travers, le gâcher. Allons bon ! disait M. B…, l’avoué à la Cour, dont la femme venait de se blesser pour la seconde fois, encore un de bousillé !

C’est le franç. bousiller au fig. On sait que bousiller, c’est faire une méchante maçonnerie de terre et de paille. Bousiller, de bouse, parce que le mortier dont on se sert à un peu l’apparence de bouse de vache.

BOUSILLON, s. m. — Un qui bousille. Sur la formation comp. barbouillon pour barbouilleur ; de même bousillon pour bousilleur.

BOUT, s. m., terme de canuserie. — S’emploie pour fil. Un pou-de-soie tramé cinq bouts.

BOUTASSE, s. f. — Réservoir où l’on recueille les eaux des chemins. Les eaux des toits vont dans la citerne, les eaux de la source dans la serve, les eaux des chemins dans la boutasse. — De butta, tonneau, avec le suffixe asse, agrandissant et péjoratif.

BOUTE-ROUE, BUTE-ROUE, s. m. — Chasse-roue. Jeunes vierges, que le char enflammé des impurs désirs se brise toujours au bute-roue de votre pudeur ! s’écriait en 1825 un célèbre prédicateur lyonnais. — Composé avec bouter, buter et roue, comme chasse-roue avec chasser et roue.

BOUTIFFE, BOUTIFFLE, adj. — Enflé, bouffi. À Lyon on a la mauvaise habitude de ne pas se gêner, parlant par respect, pour pancher de l’eau sur les cadettes en temps de gel. De là, de mauvaises tombures. Un jour d’hiver, devant Saint-Pierre, je fais rencontre de mon camarade Borlucosset, aujourd’hui l’architecte en grand renom. Il n’était pas de connaitre : le visage tout gonfle, le nez tout enfle, cabossé, qui était fait comme une poire cuisse-dame ; un œil au beurre noir, et la gaugue en pantoufle, comme quelqu’un qui vient de se faire tirer une dent chez Paillasson (ou chez Duchesne, le nom n’y fait rien). Que t’esse-t-i donc arrivé, mon pauvre Borlucosset ? que je lui fais. J’attends un moment sans rien voir venir. Borlucosset met la main à sa gaugne, comme pour retenir les briques d’un tupin cassé. Enfin, moitié sifflet, moitié glouglou, il amène ces mots : Oh, c’est rien. J’ai glissé sur de pipi par les escaliers des Capucins, et j’ai piqué une tête sur le coupant des marches. Je m’ai retenu avec la bouche. Heureusement les dents ont cédé. Sans quoi j’étais capable de m’abimer la ganache ! Seulement j’ai resté un peu boutiffe. — D’un radical boud, signifiant objet enflé.

BOUTIOU, s. m. — Terme dépréciant pour maçon. — C’est boute-ieau, gougeat qui porte l’eau.

BOUTIQUE, s. f. - Atelier de canut. — C’est le mot boutique, au vieux sens d’officina. Primitivement atelier ne s’entendait que de l’atelier de menuiserie.

BOYAU. — Il faut toujours avoir une aune de boyau pour ses amis. — Manière de