Page:Le Littré de la Grand'Côte, éd. 1903.pdf/67

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dire à quelqu’un qu’il est soûl (la Grive est un petit village des environs de Bourgoin). Comp. Soûl comme une grive.

BOURLAYER (bourlèyé), v. n. — Remuer inutilement, perdre son temps en ayant l’air pressé. Il a l’air de travailler, et il ne fait que bourlayer. — De bulla, lyonn. bourle. Bourlayer, rouler comme une boule.

BOURLE, s. f. — Bosse, enflure, spécialement à la suite d’un coup. Quand on s’est fait une bourle il faut appuyer un moment dessus avec un sou. Je suppose que c’est parce qu’on a plus facilement un sou dans sa poche qu’un louis. Cependant, il est toujours plus sûr d’employer un sou pour bien suivre l’ordonnance. — de bulla, boule.

BOURNEAU, BEURNEAU, s. m. — Tuyau de terre cuite pour la conduite des eaux. — Du radical bulla, signifiant chose creusée en tuyau ; du vieux haut allem. boron, percer.

BOURRASSE, s. f. — Grosse touffe de soie, laine, bourre, etc. — Augmentat. de bourron.

BOURRASSER, v. n. — S’effilocher, se mettre en bourre. C’te soie, autant de bave ; elle bourrasse, qu’elle peut pas passer à travers les mailles.

BOURRASSEUX, EUSE, adj. — Qualité d’un objet qui se bourrasse. Au fig. Un ami à un ami : La bourgeoise n’est pas méchante, mais elle est bourrasseuse.L’autre ami : — Comme la mienne, quoi !Troisième ami, haussant les épaules : Comme en partie toutes les femmes, quoi !

BOURRATIF, IVE, adj. — Se dit des aliments qui bourrent. Dans un grand diner, la maitresse de maison, d’une voix des dimanches : M. Anatole, vous ne revenez pas à l’oie aux marrons ; est-ce qu’elle n’est pas bonne ?M. Anatole avec un sourire aimable : Oh ! si, Madame, mais c’est un peu bourratif et ça me tube. — C’est comme moi, si j’en mange un peu trop, je suis toute gonfle.

BOURRE, s. f. — Image gracieuse pour dire cheveux. Les femmes, quand elles montent à l’échelle, sont fortes pour s’attrapper par la bourre. On dit encore : S’empoigner par la bauche, S’accrocher par la chavasse, comparaisons empruntées à la vie rustique, comme on le voit dans les Géorgiques.

BOURREAU, s. m. — Bourreau d’argent. Se dit de ceux qui attachent leurs chiens avec des saucisses, ou qui jettent les épaules de mouton par la fenêtre.

BOURREAUDER, v. a. — Martyriser, faire souffrir. Pétrus, auras-tu bientôt fini de bourreauder le chat, que te vas te faire graffigner ?

BOURRÉE, s. f. — Brouée, bruine. Pleut-i ? — Oh rien, quèque dégouts. Une bourrée seulement. — C’est brouée avec métathèse de r pour faciliter la prononciation.

BOURRER, v. a. — 1. Bourrer quelqu’un, le rabrouer. C’est bourrer, cogner, pris au fig.

2. Terme du jeu de gobilles. Bourrer, c’est lancer sa main en avant quand on jette sa gobille pour lui donner plus de force. C’est une frouille.

En terme de manège on dit aussi qu’un cheval bourre lorsqu’il s’élance en avant sans que le cavalier s’y attende.

BOURRIER, s. m. — Amas de balles ou enveloppes de grains. Le grand vent a fait des bourriers dans les coins.Y avait six mois que la bourgeoise n’avait pas balayé sous le lit. C’était un vrai bourrier.

BOURRILLON, s. m., terme de canuserie. — Petit bouchon de soie auquel on n’a pas pris garde en remondant, et qui paraît sur la façure. On l’enlève en pincetant. — De bourre.

BOURRIQUE. — Éventail à bourrique. Euphémisme délicat pour dire un garrot. Dodon, viens-tu, on gare l’éventail à bourrique ! J’ai retrouvé, non sans un peu d’étonnement, l’expression dans la bouche d’un héros de l’Assommoir. Elle a été importée du Midi par l’auteur, car elle ne figure dans aucun des dictionnaires de l’argot parisien, tels que ceux de M. Larchey et de M. Lucien Rigaud.

Tourner en bourrique, Faire tourner en bourrique, S’abêtir par l’ennui et la monotonie. Ma fille est si bouligante qu’elle