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BICHÉE, BÊCHÉE, s. f. — Becquée. Qui ne connait le beau vers de Racine:
Aux petits des oiseaux il donne la bichée,

Au fig. bouchée, tout petit morceau. — Veux-tu de gratons ? — Fais-me n’en passer une bichée seulement. — De bec, manquablement.

BICHER, v. n. — 1. Se dit du poisson quand il mord à l’hameçon. Quand nous étions jeunes, nous ne manquions jamais de crier de toutes nos forces à chaque pêcheur à la ligne : Eh ! ça biche-t-i ? L’ayant crié un jour à un pêcheur sous le Pont d’Asnières, il me répondit avec l’accent inimitable de la patrie : Vous êtes don de Ly-on ?

2, v. a. Prendre quelqu’un en faute, le saisir sur le fait. Le Pétrus hier a fait peter l’école ; i s’est fait bicher qui jouait aux gobilles sur le Port Sable.

3, v. pr. Se bicher, se disputer, mot à mot se donner des coups de bec.

BICHERÉE, s. f. — Étendue de terrain suffisante pour semer (et non pour recueillir) un bichet de blé. Dans le Lyonnais, la bicherée est de 340 toises carrées de 3m80 q., soit 1,293 mètres carrés.

BICHET, s. m. — Mesure de grains. Dans le Lyonnais, le bichet actuel équivaut à environ 33 litres. — De biche qui s’emploie encore dans nos campagnes pour mesure de capacité contenant environ 30 kil. de blé, et qui signifie aussi un grand pot de terre. Biche vient lui-même du bas latin bicca, dont le type se retrouve aussi bien dans le grec que dans le germanique.

BICHETTE, s. f. — Mesure de grains qui équivaut à la moitié d’un bichet.

BICHON, s. m. — Petit pot de terre. Les bonnes femmes mangent toujours leur soupe dans leur bichon. C’est meilleur, comme de manger le bouilli dans l’assiette creuse où l’on vient de manger le potage, ainsi que cela se fait dans les grandes maisons. — De biche (voy. bichet).

BICLE, adj. des 2 g. — Celui qui regarde à Fourvières si le feu est aux Brotteaux. — C’est du vieux français existant encore sous la forme bigle.

BICLER, v. n. — Loucher (v. bicle).

BICLON, s. m. — Un qui bicle. Le Lyonnais affectionne la finale on : barbouillon, barfouillon, biclon, bugnon, tous mots aimables.

BICOTER, v. a. — Embrasser avec récidive, Après trois mois de mariage, i se bicotiont encore comme deux imb’ciles. — Fréquentatif de biquer.

BIDER, v.n. — Mesurer au jeu de boules. — De pedem. Bider, c’est proprement mesurer en mettant un pied l’un devant l’autre, comme on mesure souvent aux boules. Puis bider s’est étendu au sens de mesurer avec une canne, une ficelle, un mouchenez, etc. Comp. mâconnais peder, vaudois pider, mesurer avec le pied.

BIEN. — Être bien de chez soi. Être bien du côté de sa femme. — Sais-tu si Boyaud est calé ? — Il n’a pas grand’chose de chez lui, mais il est bien du côté de sa femme. Elle lui a apporté au moins cent écus de dot. Locutions absolument logiqnes, car on est généralement bien quand on a du bien.

Bien, employé pour beaucoup, est une expression très lyonnaise. Il faut manger bien de viande et faire bien d’exercice. — Avoir bien de goût.

BIGORNE, s. f. — En français, enclume à deux pointes. — De bicornis. En lyonnais une cancorne, une béate, mauvaise langue. — De bigote. On a remplacé ote par un suffixe préjoratif en analogie avec corne.

BIGUE, s. f. — Mât, forte perche. 1494 : « Pour deux bigues de VI toises, à VI gros la pièce. » (Arch. mun.) — Dans le compte de la dépense pour les funérailles de Jacques Moyron (1656), on trouve une somme de 3 livres « au serrurier qui a fait des happes à supporter les bigues de l’église des Cordeliers ». — Au fig. femme grande et mince. Un de mes amis, qui n’aimait pas les exagérations, ne voulait épouser ni une bigue ni un bouchon de latrines.

Ouvrir les yeux comme un chien qui rend des bigues en travers, Les ouvrir fortement. — Le signification primitive, qui était celle de deux mâts pour lever les fardeaux des navires, ramène biga à bis-jugae.

BIJOUTIER. — Bijoutier sur le genou. Image élégante pour dire gnafre.

BILLIOUD, BILLAUD, DE. s. — Vendangeur. — Est-ce le même que billaud, usité dans nos campagnes pour qui a gros ventre,